The Devil's Advocate (M. West)
Résumé
Faire d’un homme un saint… Il ne peut y avoir de plus grande transformation. C’est, par définition, au-delà de l’ambition humaine. Le procès est long, lent et méticuleux. Tout doit être passé au crible, rien ne doit rester caché au regard perçant et imperturbable de l’Eglise.
C’est pourquoi Monseigneur Blaise Meredith est officiellement nommé Avocat du Diable par le Vatican, et chargé de trouver une raison, n’importe laquelle, pour que le procès de Giacomo Nerone ne soit pas mis en branle.
Sans pitié, sans faiblesse, la vérité sur la vie entière d’un homme est révélée. Mais pour Blaise Meredith, cela allait être la plus terrible et la plus éprouvante des enquêtes…
C’est conseillée par mon père que je me suis lancée dans Morris West, un des rares grands auteurs qui savent parler de religion avec finesse, humilité et sans le clinquant si populaire de la superstition et des mystères. Avec L’Avocat du diable, on a entre les mains une mine d'informations sur l’enquête et les recherches qui mènent à canoniser un « Servant of God ». Mais par-delà ce thème, c’est aussi un trésor de réflexion sur la foi, à travers les personnalités qui emplissent le livre – peu nombreuses mais extrêmement différentes les unes des autres, de la jeune femme à la confiance simple et inébranlable, au peintre torturé, calculateur, mais non sans noblesse.
On aurait pu craindre une morale chrétienne rigide et sous-jacente, stigmatisant les péchés des hommes, la jalousie meurtrière des uns, les amours contre-nature des autres, mais Morris West étonne le lecteur avec un dénouement inattendu et un accent finalement mis non sur la culpabilité ou la triste repentance, mais sur l’Amour et ses miracles.
The Brooklyn Follies (P. Auster)
Résumé
Nathan Glass, la soixantaine, s’installe à Brooklyn avec un cancer
en rémission. Par hasard, il y retrouve son neveu, Tom Wood,
ex-chauffeur de taxi et maintenant employé d’une librairie, qui avait
pourtant été promis à une brillante carrière universitaire. Entre
discussions sur de vieux souvenirs, et découvertes d’autres
personnalités – comme le curieux Harry Brightman, patron de Tom, ou la
B.P.M. (Beautiful Perfect Mother) dont Tom est follement amoureux – la
vie s’écoule lentement. Jusqu’à ce qu’une autre petite silhouette
apparaisse dans leur vie, annonciatrice de bien des bouleversements…
Pour être honnête, j’ai eu du mal à me plonger dans ce roman, à m’y accrocher immédiatement. Pour une part, parce que lorsque je lis en anglais, les mots trouvent moins d’écho dans mon esprit, et je suis moins transportée. Mais si je n’ai pas été conquise, dès les premières pages, par ce magnifique roman, c’est aussi parce que j’y cherchais une histoire, un fil directeur… sans vouloir comprendre que ce fil était sous mes yeux, l’histoire de Nathan Glass, de sa vie à Brooklyn et de ses fabuleuses rencontres.
Plusieurs choses m’ont vraiment conquise dans l’écriture de Paul Auster (pour ce qui est de Brooklyn Follies
en tout cas). La narration d'abord, qui change de rythme, de « manière
» comme lorsque le narrateur décide de retranscrire un dialogue brut,
sans fioritures, un vrai dialogue de théâtre parce que, selon lui,
seuls les mots étaient importants à ce moment-là.
D’ailleurs, le
narrateur est toujours à portée de notre oreille, prêt à dire, au
détour d’une phrase, « là je vais couper », « là il faudra imaginer par
vous-même.» C’est déroutant, mais original et plaisant.
Ces
destins qu’il nous raconte, ce sont eux les véritables « folies de
Brooklyn », ces destins qui sont inimaginables et pourtant enviables
par certains côtés. Chaque personnage est travaillé au ciseau avec une
précision que l’on ne se lasse pas d’admirer : on s’attache peu à peu à
ce Tom qui nous paraissait trop mou, au très étrange Harry, à la petite
Lucy et bien sûr à Nathan, l’incontournable narrateur. Tous finissent
par prendre, au fil des pages, des couleurs que l’on ne soupçonnait pas
avant. L’histoire est parfois drôle, parfois sordide, mais toujours
touchante.
Terminer l’histoire de ces folies humaines par la
mention du 11 septembre 2001 est le coup de maître. Surtout lorsqu’en
trois phrases, Paul Auster nous fait sentir l'immense fossé séparant
l’optimisme de ce Monsieur-tout-le-monde à la tête pleine de projets et
la folie de notre monde.
Voilà qui - j'espère - vous donnera envie de le découvrir !
6 choses...
J’ai été taguée il y a quelques temps déjà (par un certain martlet, du fabuleux blog martlet), alors je rattrape mon retard…
Le but était de donner 6 choses totalement inintéressantes sur moi, alors allons-y dans la joie et la bonne humeur !
1) j’adore le bleu. C’est quelque chose que l’on remarque immédiatement sur moi (même si ce blog fait exception) ; et au contraire, il faut batailler ferme pour me faire mettre du rose !
2) j’ai horreur du téléphone. J’aime bien discuter avec les gens mais, trouvant qu’un sourire ou une mimique exprime beaucoup de choses, je considère que les silences passent beaucoup mieux quand on a son interlocuteur en face plutôt qu’au bout d’une ligne…
3) j’ai un tic qui est de me tapoter le bout du nez quand je réfléchis à quelque chose d’insignifiant (si c’est important, je me ronge les ongles comme tout un chacun…) et ça fait rire beaucoup de monde.
4) j’adore les fleurs même si la réciproque ne semble pas vraie (j’en ai vu dépérir au bout d’une vingtaine d’heures dans ma chambre… si, si !)
5) j’aurais voulu être médecin, mais la peur du sang et des blessures barbares m’en a très vite dissuadée… Du coup, je serai bibliothécaire, c’est moins effrayant (quoique, et là je m’adresse aux Pratchettiens, ce n’est pas si sûr que cela si on a lu Sourcellerie et la scène mythique d’appendisectomie…)
6) je déteste faire les magasins de vêtements, a fortiori toute seule. C’est vraiment un endroit où je ne me sens pas du tout à ma place.
Voilà, après ces inanités, je passe le relais à Tortoise et c’est tout (j’aime bien jouer ma rebelle de temps en temps)
La Ligne de Fuite (Dabitch_Flao)
Rimbaud est parti. Il a fui Paris, il a fui Verlaine, il a fui les
poètes, et la poésie elle-même, pour s'en aller ailleurs, pour vivre...
ou plutôt mourir. Combattre l'ennui, en sachant qu'il n'y parviendrait
pas. Il l'écrit lui-même : « Je m'ennuie beaucoup, toujours ; je n'ai même jamais connu personne qui s'ennuyât autant que moi. » Et cette phrase, qui ouvre l'album, donne immédiatement le ton au lecteur.
1888.
Depuis quelques temps déjà, personne n'a plus de nouvelles de Rimbaud.
L'équipe du journal "le Décadent", sous la houlette d'Anatole Baju,
décide de publier un "faux" inédit du grand poète, à la fois hommage et
provocation. Adrien, l'auteur du sonnet, n'y voit qu'un hommage au
poète qui le hante, mais cette publication - pourtant pas la première -
fait scandale. Démasqué et décrié par le tout-Paris, Adrien ne se fait
pas trop prier pour partir à la recherche de son modèle. Quête qui va
le conduire de Paris jusqu'en Afrique, en passant par Charleville et
Marseille...
J'aime beaucoup la façon dont ils ont mis Verlaine en scène... Son discours sur cette page m'a beaucoup émue. (cliquez pour voir en plus grand)
Lorsqu'on se plonge dans La Ligne de fuite, on comprend vite qu'on est en présence de l'un de ces rares albums qui vous marquent longtemps... pour peu qu'on aime la poésie. Ponctué de poèmes et de lettres insérés avec talent dans l'histoire, le voyage initiatique d'Adrien nous absorbe peu à peu. Grâce à une narration mêlant rêve et réalité, Christophe Dabitch signe ici un bel hommage au poète ; et le dessinateur Benjamin Flao n'est pas en reste : par des aquarelles magnifiques et un trait original, il réussit à mêler l'onirisme qu'évoque immédiatement le nom de Rimbaud, et le réalisme que celui-ci a choisit de suivre en arrêtant la poésie au crépuscule de sa courte vie.
Une très belle BD pour les amateurs du genre et de poésie...
Petits suicides entre amis (A. Paasilinna)
Résumé
« SONGEZ-VOUS AU SUICIDE ?
Pas de panique, vous n'êtes pas seul.
Nous
sommes plusieurs à partager les mêmes idées, et même un début
d'expérience. Ecrivez-nous en exposant brièvement votre situation,
peut-être pourrons-nous vous aider. Joignez vos nom et adresse, nous
vous contacterons. Toutes les informations recuillies seront
considérées comme strictement confidentielles et ne seront communiquées
à aucun tiers. Pas sérieux s'abstenir. Veuillez adresser vos réponses
Poste restante, Bureau central de Helsinki, nom de code "Essayons
ensemble". »
Deux suicidaires se retrouvent fortuitement dans une vieille grange où ils souhaitent partir tranquilles. Entravés dans leurs funestes projets, ils se mettent en tête de rassembler d'autres désespérés pour monter une association. Commence alors, à bord d'un car de tourisme flambant neuf, un périple loufoque mené à un train d'enfer, des falaises de l'océan Arctique jusqu'au cap Saint-Vincent au Portugal pour un saut de l'ange final.
Avis
Après avoir lu La Douce empoisonneuse,
je n'ai pas pu résister en voyant ce petit livre (presque 300 p. quand
même) me tendre les bras dans une librairie. Pour être honnête, je l'ai
trouvé moins drôle que le précédent... Mais il y a quand même de
nombreux passages savoureux ! J'avais peur que tourner en ridicule une
pratique qui malheureusement existe (le suicide collectif) soit de très
mauvais goût mais je crois que c'était le défi de Paasilinna et il l'a
relevé avec beaucoup de talent. Les personnages sont tous très hauts en
couleurs, les situations complètement rocambolesques, et tout cela est
agrémenté de petites touches d'humour... Bref, je vous recommande du
Paasilinna, ça vaut le détour !
Extraits :
"Le plus grave dans la vie c'est la mort, mais ce n'est quand même pas si grave" (Maxime populaire)
Les
suicidaires passèrent trois jours à Rönteikkösalmi. Dans la journée,
ils éclaircissaient les rangs de betteraves et se régalaient de purée
de pommes de terre et de saucisses Stroganoff mitonnées par Kati
Jääskeläinen. Le soir, ils faisaient cercle autour du feu de camp et
bavardaient entre eux, à des fins thérapeutiques.
Ils appréciaient
cette saine vie rustique et seraient bienr estés plus longtemps à la
ferme, mais Urho n'avait pas d'autres travaux de binage à leur proposer.
Au
moment du départ, l'agriculteur, qui avait appris le but du voyage des
suicidaires et s'était lié d'amitié avec eux, déclara avec regret :
"J'irai
ben aussi m'tuer dans l'Nord... mais nous aut'paysans, on a ben trop à
faire, en été. J'ai point l'temps d'voyager. Mais pourquoi qu'vous
prendriez pas la patronne ? La Kati, elle a qu'ça à faire... ça
m'dérangerait point, qu'elle fasse un peu de tourisme."
Le colonel
refusa la proposition d'Urho Jääskeläinen. Son épouse, selon lui, ne
semblait guère suicidaire et serait donc forcément comme une pièce
rapportée dans cette expédition nordique. Il ne pouvait pas non plus
lui garantir de voyage de retour.
"Ben tant pis alors... c'était histoire de dire, hein", fit le fermier déçu.